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Trivium et droit de la preuve

Notre campagne 2022-2023 se poursuit.

Notre mémorialiste habituel étant absent mercredi dernier, c’est notre Président Denis Talon qui s’est attelé au compte-rendu de notre entraînement du 5 octobre 2022 :

« Cher ami,

« Le Vice-président et Virginie ont avec votre serviteur, assuré deux parties face à trois joueurs de qualité présents occasionnellement sur place.

« Nous avons  donc illustré implicitement le Trivium de Boèce  qui quant à lui se concentrait seulement sur la grammaire, la dialectique et l’historique !

« Le temps fût doux et le terrain souple.

« A l’arrivée d’un prolégomène de petite pluie, j’ai rapporté les trois pochettes de boules que j’avais retirées à toutes fins, juste avant 19 heures. »

La preuve est libre… oui mais !

Le déroulé exact des deux parties jouées a été utilement précisé par notre membre Virginie Defontaine qui a transmis la photo ci-dessous. Elle illustrerait « un superbe point du Chief Pétanque Officier avec, en prime, sa majestueuse ombre ».

Or, on sait que, aux termes de l’article 1358 du Code de procédure civile, hors les cas où la loi en dispose autrement, la preuve peut être apportée par tout moyen, en particulier pour les faits purs et simples (Cass. civ., 24 déc. 1919, DP 1920, 1, p. 12). Ce libéralisme probatoire permet-il cependant de conclure que notre Chief Pétanque Officer aurait vraiment inscrit ce point en lançant ses boules plutôt qu’en les posant autour du cochonnet ?

La preuve par Boèce

La consolation philosophique de Boèce apporte la réponse à cette question ! On y lit en effet cet échange, au Livre IV, paragraphe III :

  • « Par le ciel! m’écriai-je, tu me fais là de magnifiques promesses ! Je ne doute pas pourtant que tu ne sois en mesure de les tenir; mais puisque tu as excité ma curiosité, hâte-toi de la satisfaire. »
  • « Pour commencer, dit-elle, je te ferai voir que les bons sont toujours en possession de la puissance, et que les méchants n’ont que la faiblesse en partage ; ces deux propositions se prouvent l’une par l’autre ; le bien, en effet, étant le contraire du mal, s’il est démontré que la puissance est l’attribut du bien, il est évident que la faiblesse est celui du mal ; et si le mal a pour caractère distinctif la fragilité, il est clair que le bien doit être solide. Mais pour donner plus de poids à ma démonstration, je me servirai tour à tour des deux propositions, demandant mes preuves tantôt à l’une, tantôt à l’autre. Deux choses sont nécessaires à l’homme pour la réalisation d’un acte quelconque, savoir la volonté et la puissance ; que l’une des deux lui fasse défaut, il est incapable de rien exécuter. La volonté absente, on n’entreprendra pas ce qu’on ne pense même pas à vouloir, et sans le pouvoir d’exécuter, la volonté ne sert de rien. Aussi, quand tu vois un homme former un projet qui n’aboutit pas, tu peux être assuré que la force lui a manqué pour atteindre son but. »
  • « C’est évident, dis-je, et il n’y a rien à répondre à cela. »
  • « Mais si tu en vois un autre réaliser le projet qu’il avait conçu, pourras-tu douter de sa puissance ? »
  • « En aucune façon. »
  • « Il faut donc l’admettre : un homme est fort dans les choses qu’il peut, et faible dans celles qu’il ne peut pas. »

Chacun sait dans notre Cercle que notre Chief Pétanque Officer est fort. Il est donc certain qu’il a atteint son but, autre nom du cochonnet. CQFD !

Même le licencié en philosophie Jean-Luc Mélenchon reste bouche bée devant la puissance de ce raisonnement !

Rejoignez-nous !

N’hésitez pas à nous rejoindre si vous aussi Boèce vous intéresse ! Nos entraînements ont lieu tous les mercredis de 19h00 à 22h00 environ, place Dauphine.

Vous pouvez vous annoncer auprès de notre Officier de bouche Charles Simon (officierdebouche@petanque-palais.fr – 06 20 23 49 41) ou simplement vous présenter à nous directement sur notre terrain d’entraînement, y compris en cours de partie, nos membres arrivant de façon échelonnée.

Surtout, n’hésitez pas à apporter un petit quelque chose, à boire ou à manger, pour notre pot de l’amitié de fin de partie !

Tous les niveaux sont acceptés, même grand débutant.

Nous pouvons prêter des boules à ceux qui n’en ont pas !

Une réponse sur « Trivium et droit de la preuve »

La preuve par Boèce : ça vaut un carreau à 9 mètres, dans la pénombre et sur terrain piégeux ! Ca me rappelle un briant conférencier qui analysait la séquence pré-générique d’un James Bond (une poursuite en moto à travers le grand bazar d’Istanbul) à l’aune des écrits de Pic de la Mirandole et autres auteurs du Quattrocento italien . Comme quoi la pétanque, ce n’est pas ce que l’on croit …

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